Le data storytelling des populations annuelles

Cas d’école du data storytelling, la mise à jour annuelle des populations communales (dites « de référence ») se dévoile chaque décembre dans un ballet parfaitement réglé : l’Insee publie le même jour un « Focus » national et 17 « Flash » régionaux, immédiatement amplifiés par la presse locale et nationale.

Grande gagnante de la remise des prix : l’Occitanie ! À vrai dire, ce n’est pas nouveau, la vitalité démographique de cette région est régulièrement soulignée. Mais cette année, deux seuils symboliques sont en passe d’être franchis.

Capitale régionale, Toulouse (la commune) parait sur le point de dépasser Lyon, en nombre d’habitants au 1er janvier 2022 – date de référence de la mise à jour. Avec Montpellier, elle continue de progresser à vive allure, avec les plus forts taux de croissance observés parmi les villes de plus 200 000 habitants. Plus globalement, la région Occitanie talonne désormais la Nouvelle-Aquitaine, après avoir doublé, l’année précédente, les Hauts-de-France. C’est parmi les régions de l’hexagone celle qui progresse le plus vite. Au niveau national, seules la Guyane et la Corse la devancent (peut-être aussi Mayotte, dont les chiffres ne sont pas connus).

Comparaison Occitanie / Nouvelle Aquitaine : population

Ce qui explique le dynamisme occitan, ce n’est pas la natalité, mais bien plutôt la formidable attractivité de la région : des étudiants et des jeunes actifs viennent aimantés par les métropoles de Toulouse et de Montpellier ; des retraités affluent de régions plus septentrionales, tout particulièrement friands des franges méditerranéennes.

Voilà pour le storytelling, même s’il provient davantage des commentaires enthousiastes de la presse et des politiques que des plus posés statisticiens de l’Insee Occitanie. Ceux-ci s’efforcent, dans leur analyse, d’en dire un peu plus ; mais le discours technique qu’ils ont appris à tisser est, pour le profane, parfois difficile à démêler.

Car si la notion de population parait simple à saisir, il n’en va pas de même pour la méthode de mesure (l’enquête annuelle de recensement), les indicateurs clés (taux d’évolution annuel moyen, solde naturel et solde migratoire apparent…) ou les grilles géographiques (qu’est-ce qu’une ville, une métropole, comment définir le rural et ses divers degrés de « profondeur » ?).

L’Occitanie, c’est aussi ma région, et la pédagogie par les graphiques, une de mes passions. Voyons maintenant comment résumer et expliquer en 15 images la vive progression de la population occitane. L’outil graphique, bien maitrisé, est un puissant révélateur ; il permet aussi de mieux mémoriser les trouvailles les plus marquantes. J’expliquerai mes choix, y compris dans la présentation des chiffres, endossant l’habit de l’explorateur statisticien et sémiologue.

L’Occitanie, c’est où, c’est quoi ?

Faut-il le rappeler, l’Occitanie est une construction administrative toute récente : ce qui est évident pour les services de l’État et les collectivités territoriales de cette région – sa localisation, et surtout son étendue – ne l’est pas forcément pour tout le monde.

Une carte doit donc poser le décor : l’Occitanie est délimitée en rouge, et pour bien se figurer la croissance de la population, exprimons-là d’abord en volume (habitants perdus ou gagnés) et par an.

Évolution annuelle moyenne de la population par région (2016-2022)

Rares sont les régions qui ont perdu de la population entre 2016 et 2022.

L’ordre de grandeur des sept plus forts gains annuels de population est celui de la population d’une ville moyenne, entre 30 000 et 50 000 habitants. C’est une concrétisation assez facile à se représenter. Dans un bel ensemble, plusieurs services régionaux de l’Insee filent l‘image dans leurs « Flash » : chaque année, Paca « gagne l’équivalent de la population de Montélimar », la Nouvelle-Aquitaine s’accroit d’un nouvel Angoulême, et pour l’Occitanie l’Insee donne l’équivalence de Sète ou d’Alès (j’aurais, en bon Midi-Pyrénéen, proposé aussi Tarbes). Quoi qu’il en soit, c’est bien en Occitanie que le gain, en valeur absolue, est le plus élevé.

Bien que les chiffres soient mis à jour chaque année, la population et ses évolutions s’analysent par fenêtres de 5 ou 6 ans. En effet, le recensement de la population est désormais un sondage glissant. Chaque habitant étant recensé une fois tous les 5 ans (ou 6 ans dernièrement du fait de la pause Covid), cette plage de temps est nécessaire pour disposer d’une photographie précise des évolutions. La période 2016-2022 sera par la suite comparée à la période précédente : 2011-2016.

Place aux départements, dont le maillage est plus équilibré que celui des régions, ce qui rend les comparaisons en volume un peu plus pertinentes. Avec +18 010 habitants par an, la Haute-Garonne est dans le duo de tête avec la Gironde.

J’ai bien en tête que vous, lecteur et lectrice, ne savez pas tous forcément où se trouvent la Haute-Garonne et la Gironde, mais j’en ai dit et dessiné assez pour que vous les situiez…

Évolution annuelle moyenne de la population par département (2016-2022)

Qu’est-ce qu’un taux d’évolution annuel moyen ?

Par la suite, et pour asseoir plus correctement les comparaisons entre territoires, je vais rapporter ces progressions à la population de départ, comme le fait l’Insee. Le taux d’évolution de la population sur 2016-2022 est calculé en progression annuelle, pour qu’on puisse le comparer avec le taux observé entre 2011 et 2015, dont le pas est différent (5 ans versus 6 ans).

À l’échelle de l’Occitanie, le taux d’évolution 2016-2022 s’établit à 0,77 %, il est très proche de celui observé entre 2011 et 2016.

Comme la plupart des pourcentages, il est difficile de se représenter un tel chiffre, surtout quand il est très faible. En fait, cela veut dire que, chaque année sur la période 2016-2022, la population est multipliée par 1,0077.

Ainsi, pop2022 = pop2016 * 1,0077 * 1,0077 * 1,0077 * 1,0077 * 1,0077 * 1,0077

Ce 0,77 % se calcule donc à partir de la racine sixième de pop2022 / pop2016, mais je vous fais grâce de la formule…

On peut dire aussi que pour 10 000 habitants au départ, on se retrouve un an plus tard avec 77 personnes de plus !

Les deux moteurs des mouvements de population

L’Occitanie progresse à un rythme deux fois plus élevé que la moyenne française.

J’arrondis ici un peu violemment, car le rapport exact entre ces deux rythmes est de 0,77 / 0,35 = 2,2, mais truffer son discours de chiffres et de décimales le rend rarement plus lisible. Le lecteur retiendra bien mieux un ordre de grandeur et ira dans les tableaux chercher, s’il le souhaite, les valeurs exactes.

Comme le détaille le graphe suivant, le taux d’évolution peut – et c’est magique – se décomposer en deux facteurs : le solde migratoire exprime la différence entre les arrivées et les départs de personnes, le solde naturel entre les naissances et les décès. Et c’est bien ainsi que bouge en continu la population de ma commune : des enfants naissent, des personnes meurent, de nouveaux ménages s’installent dans ce lotissement récent, mes voisins déménagent et une famille moins nombreuse les remplace…

Alors qu’en moyenne en France, solde naturel et solde migratoire contribuent de façon égale à la progression, en Occitanie, ce sont les seules migrations qui expliquent le gain de population. Pour 10 000 habitants en moyenne en France, un an plus tard on en a 18 de plus avec les migrations et 16 du fait de la balance naturelle. En Occitanie, on se retrouve avec 77 personnes de plus, en quasi-totalité du fait des migrations.

Le détail des 13 départements de la région expose trois autres faits remarquables : partout la population progresse (même si très faiblement en Lozère) et les contributions migratoires sont significatives (>= 0,5 %). Elles contrebalancent l’effet du solde naturel, négatif ou quasi nul presque partout, sauf en Haute-Garonne où les deux composantes se renforcent mutuellement.

Évolution annuelle moyenne de la population (en %), totale et décomposée

Ce qui dans la note de l’Insee était un tableau alphabétique mérite d’être mis en graphe, trié par ordre décroissant. Je présente le solde migratoire avant le solde naturel pour une meilleure continuité visuelle.

Le lecteur attentif aura noté la différence de précision entre les deux premières lignes et celles détaillées par département : deux chiffres après la virgule, ou un seul. Curieusement, alors que les populations de référence font historiquement l’objet d’un culte « à l’unité près » (voir le titre « 6 080 731 habitants en Occitanie »), l’Insee diffuse ses taux d’évolution avec un seul chiffre, comme si soudain il n’était plus aussi sûr de la précision de ses données. Le « Focus » national y fait exception, c’est pour cela que dans le graphique précédent, les taux nationaux ont deux décimales et les taux des départements occitans une seule.

Je suis pour ma part partisan de l’arrondi (à la dizaine ou la centaine), toujours plus lisible, des chiffres de population dès qu’ils sont agrégés au-delà de la commune, mais en faveur d’un taux d’évolution à deux chiffres quand il faut comparer deux valeurs.

Par exemple, les taux d’évolution de population à Toulouse et Montpellier sont respectivement, recalculés par mes soins, de 1,23 % et 1,45 %, soit un écart de 0,22 point, mais publiés avec un écart apparent de 0,3 point sous la forme arrondie 1,2 % / 1,5 %.

Qu'est-ce qui a changé ces dix dernières années ?

Le portrait dressé jusqu’à présent, sur la période 2016-2022, n’est pas très différent de l’analyse que l’on pouvait faire, il y a un an, de la fenêtre précédente (2015-2021). Élargissons donc la perspective en remontant le temps, et comparons 2011-2016 et 2016-2022.

Apparait alors un autre fait remarquable : le moteur migratoire accélère (ou se maintient) dans la plupart des départements. Et plutôt nettement dans des territoires assez peu peuplés comme la Lozère, l’Ariège ou le Lot. C’est peut-être bien là l’information majeure à retenir des chiffres publiés cette année.

Taux d'évolution de la population en Occitanie dûs au solde migratoire, comparés sur les deux dernières périodes - tri par progression décroissante

Ce graphique, trié selon l’intensité de la variation d’une période à l’autre (la largeur des flèches), met en évidence quatre groupes, soulignés par un léger dégradé de couleurs.

À ce stade, le lecteur peut s’interroger : mais qu’est-ce qui explique cette attractivité forte et même croissante de l’Occitanie ? L’exercice annuel de l’Insee est très cadré et ne répond pas vraiment à cette légitime curiosité. Les Flash et Focus sur les populations de référence pour l’essentiel commentent des tableaux à partir des dernières données de comptage du recensement et de l’état civil, ils ne cherchent pas à expliquer les causes.

Je suis donc allé chercher des réponses dans la bibliothèque et, bonne pioche, l’Insee a publié en partenariat avec la Région un dossier fouillé sur les migrations résidentielles en Occitanie. C’était fin 2020, ce n’est pas si vieux, je fais l’hypothèse que les migrations obéissent à des lois relativement stables à court-moyen terme.

En voici quelques extraits : « La quasi-totalité des territoires bénéficient de l’attractivité de la région et gagnent des habitants au jeu des migrations externes. 60 % des nouveaux arrivants viennent des trois régions voisines ou de l’Île-de-France. 18 % de l’étranger, mais cette part est inférieure à la moyenne nationale. Outre étudiants et cadres réputés mobiles, les nouveaux arrivants sont aussi des chômeurs et des seniors. L’Occitanie est plus attractive vis-à-vis des couples sans enfant, des chômeurs et des seniors que les autres régions métropolitaines. Dans de nombreux territoires du littoral ou de l’arrière-pays méditerranéen, au moins un arrivant sur cinq est retraité. »

En réalité, l’Occitanie brasse beaucoup : c’est une région que l’on quitte aussi, mais les arrivants (25 pour 1 000 hab. chaque année) sont plus nombreux que les sortants (15 pour 1 000 hab.).

La baisse des naissances s’accélère,
le déficit naturel se creuse

Depuis 2012, les naissances reculent dans la région, alors que les décès augmentent. Le solde naturel est devenu négatif en 2017 et ne cesse de se creuser depuis. Les derniers chiffres 2023 confirment cette tendance et laissent supposer que le dynamisme de la population occitane ne sera plus aussi vif à l’avenir – ou alors il faudrait que les migrations augmentent encore davantage…

Évolution annuelle des naissances et des décès en Occitanie
Le graphique ci-dessus est reconstruit à partir d’une étude récente de l’Insee, qui prodigue d’éclairantes explications : « En Occitanie, la baisse de la fécondité explique à elle seule le fort recul des naissances en 2023, car la population en âge d’avoir des enfants progresse légèrement. En 2023, la fécondité recule fortement. L’indicateur conjoncturel de fécondité s’établit à 1,53 enfant par femme contre 1,67 en 2022 . L’Occitanie est la 4e région de France où les femmes ont le moins d’enfants, derrière la Corse, Grand Est et Nouvelle-Aquitaine. »

Villes et campagnes, quelles différences ?

Le graphique suivant par catégorie d’espace, tiré du Flash de l’Insee Occitanie, est à l’origine de cet article : n’y voyant rien de facilement mémorisable, j’ai voulu en construire une version plus pédagogique. Certes, il est correct sur le plan sémiologique : les barres sont proportionnelles à la valeur de l’indicateur, la couleur distingue les deux périodes. Mais ce rouge vif fait mal aux yeux, et il met en évidence non pas la dernière période, mais la précédente. Le graphique est trié selon l’ordre de la nomenclature et pas en fonction des valeurs, si bien que l’on voit alterner des ralentissements et des progressions : en faire la synthèse demande un gros effort cognitif.

Enfin, je me suis demandé d’où venait cette typologie des catégories d’espace, et notamment la définition du rural non périurbain, dont le graphique laisse d’ailleurs à penser, si l’on n’est pas attentif, qu’il ne représente rien en Occitanie…

Flash Insee Occitanie : Évolution de la population par catégorie d'espace

Mais sur le fond, ce qui m’a troublé le plus, c’est qu’après avoir vu vanter dans le Flash Insee la vigoureuse croissance de Toulouse et Montpellier, son accélération même en 2016-2022, voilà que la catégorie « grands centres urbains » de la région m’apparait globalement ralentir ! Quels sont donc, au juste, ces grands centres urbains d’Occitanie ?

Après quelques efforts pour comprendre et reconstruire cette typologie communale (elle n’est pas explicitée dans l’étude), j’isole cinq grands centres urbains, que l’on peut diviser en trois groupes assez distincts :

  • Toulouse et Montpellier, en accélération,
  • Béziers, en croissance un peu ralentie,
  • Nîmes et Perpignan, qui soudain marquent le pas (et même décroissent légèrement).

Que se passe-t-il donc à Nîmes et Perpignan ? Voilà un nouvel angle d’exploration pour souligner ce qui est en train de changer dans la région. Mais je n’ai pas de quoi éclairer ce retournement.

Cette catégorie des grands centres urbains m’apparait donc trop hétérogène pour figurer dans un graphique.

Examinons maintenant la forte évolution opposée, l’accélération des « centres urbains intermédiaires ». Une carte les présentant arrive bientôt. J’isole dans le graphique suivant les villes les plus importantes et, par la couleur, je souligne les inflexions majeures, qui expliquent l’accélération globale de cette catégorie d’espace.

Alès et Tarbes, en particulier, rebondissent de façon spectaculaire, affichant une vive croissance après une période de baisse – baisse assez ancienne dans le cas de Tarbes. 

Que se passe-t-il donc à Alès et Tarbes, voire Castres ou Carcassonne ? Je n’ai pas d’explication à ce stade. Mais c’est à nouveau un bel angle journalistique.

Voici donc ma reconstruction du graphique de synthèse de l’Insee, celui avec les barres rouges et bleues : j’isole Toulouse et Montpellier, et je dégage trois groupes de croissance, chacun trié. La stabilité du rural non périurbain est cette fois-ci clairement indiquée, et c’est aussi un fait marquant : les campagnes et bourgs ruraux éloignés des grands pôles urbains ne perdent globalement pas de population, grâce aux migrations.

É volution de la population par catégorie d'espace en Occitanie

Cette typologie des espaces est un nouvel hybride – pas trop mis en avant par l’Insee – de deux typologies mieux connues : la grille communale de densité et le zonage en aires d’attraction des villes (AAV). La cartographie de cette nouvelle typologie est plutôt jolie (j’ai toujours adoré les cartes de catégories d’espaces).

Ce qui dans la grille communale de densité est décrit comme rural, est ici subdivisé en un « rural périurbain », des communes dans une aire d’attraction des villes de plus de 50 000 habitants, et le reste du rural, dénommé « non périurbain ». Ainsi, l’Ariège ou la Lozère sont presque entièrement dans un « rural non périurbain », car les aires d’attraction de St-Girons (ouest de l’Ariège), Foix-Pamiers ou Mende comptent moins de 50 000 habitants.  

En Occitanie, ces catégories d’espace traduisent un bel équilibre, elles représentent chacune une part substantielle de population, et quatre d’entre elles voisinent ou dépassent le million d’habitants.

J’arrondis ici les chiffres à la centaine, ce qui les rend bien plus amicaux.

Population par type d'espace en Occitanie

Qu’est-ce qu’une ville ?

À la lecture des publications de l’Insee sur les populations de référence, un léger flottement provient des multiples définitions d’une ville, par exemple comme « Toulouse » : il peut s’agir de la commune, de l’agglomération ou d’un « grand centre urbain ». Mais cette diversité se conçoit. Pour accueillir de nouveaux habitants, une commune se verra contrainte par ses limites, ses réserves foncières ou ses possibilités de transformation de friches industrielles en espaces habitables. Dès lors, la commune n’est pas le cadre le plus adapté pour comparer deux pôles en expansion, qui vont « s’étaler » en densifiant les communes périphériques.

L’agglomération se définit d’abord par la reconnaissance d’espaces où le bâti est continu (moins de 200 m) et regroupe au moins 2 000 habitants. Si une commune comprend un tel espace, elle est urbaine. Si de plus la moitié de sa population au moins réside dans cet espace continu, cette commune est susceptible de former avec une autre voisine et répondant au même critère une « agglomération ».

centres urbains et agglomérations

Ainsi, une agglomération peut s’étendre assez loin autour d’un centre, voire de multiples centres, tout en comprenant de vastes zones agricoles ou naturelles.

L’agglomération de Toulouse comprend 81 communes.

Le grand centre urbain est le cœur dense de l’agglomération : La méthode de délimitation, européenne, ignore dans un premier temps les limites communales et agrège des carreaux contigus de 1 km², chacun d’au moins 1 500 hab. et qui rassemblés finissent par dépasser 50 000 habitants. Un tel agrégat dense, ou « cluster » conduit à définir le « grand centre urbain » comme l’ensemble des communes dont la moitié de la population au moins réside dans ce cluster.

L’aire d’attraction de la ville dépasse ces critères morphologiques, comme « vus du ciel », pour y associer des communes encore plus périphériques, mais dont une part significative de la population active (15 % au moins) travaille dans le pôle centre. L’AAV de Toulouse englobe ainsi 527 communes !

Comment s’analyse le dynamisme démo-graphique de Toulouse et Montpellier selon ces différentes définitions ? Dans les deux cas, la population croit plus vite si l’on élargit le périmètre au grand centre urbain ou à l’agglo (et même à l’AAV dans le cas de Toulouse). Choisir la bonne délimitation n’est donc pas un geste neutre.

Taux d'évolution annuel moyen de la population : Toulouse et Montpellier

Le duel haletant Toulouse / Lyon

Après la conférence de presse de l’Insee, la Dépêche du Midi, le quotidien régional, n’a pas craint d’affirmer : « il y aurait désormais plus d’habitants à Toulouse qu’à Lyon ». Et le maire de Toulouse de surenchérir : « En considérant ces résultats, nous pourrions être, aujourd’hui, la 3e ville de France. »

Au 1er janvier 2022, ce n’était pas encore le cas. Mais vu la différence de rythme avant 2022, on peut en effet supposer que, début 2025, la commune de Toulouse a déjà dépassé la commune de Lyon.

Comparaison Lyon/Toulouse : population

Mais il faut tout de même relativiser. En superficie, Toulouse est 2,5 fois plus vaste que Lyon. Toulouse disposait et dispose encore de vastes surfaces constructibles, elle est donc bien plus à même de se densifier que Lyon, dont la densité de population est déjà très élevée.

Comparaison Lyon/Toulouse : densité

Tentons une comparaison plus équitable, en étendant le cadre de comparaison aux agglomérations et aux aires d’attraction : alors que, on l’a vu, la commune de Toulouse fait jeu égal avec Lyon, l’agglo ou l’aire d’attarction (AAV) de Toulouse ne représentent que les deux tiers de la population de l’agglo ou de l’AAV de Lyon. Les deux métropoles ne sont pas encore comparables en volume.

Mais, comme le montre le graphe suivant, il se confirme tout de même que la métropole toulousaine (AAV ou agglo) croit bien plus vite que la lyonnaise !

Comparaison Lyon/Toulouse : densité (base 100 en 1975)

Pour en savoir plus

Données et nomenclatures

Pour approfondir l’exploration, j’ai utilisé dans un 1er temps l’outil Statistiques locales, déjà très puissant par ses capacités de sélection de zonages et de croisement d’indicateurs.

Ensuite j’ai rassemblé les différentes ressources nécessaires, souvent disponibles dans un format excel zippé – ce qui n’est pas le plus commode – mais qui, après extraction, se manipulent fort bien avec DuckDB.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *