Icem7 vient d’accompagner le ministère de l’Agriculture dans la conception de datavisualisations et de récits innovants, avec comme objectif principal de « raconter une histoire ».
Le portail Viz’Agreste est en ligne depuis le 13 décembre 2021. Il est l’un des fers de lance de la diffusion des premiers résultats du recensement agricole (RA) de 2020.
C’est un public large que Viz’Agreste ambitionne de toucher, et en premier lieu les agriculteurs et les agricultrices. Dans près de 420 000 exploitations en métropole et dans les Dom, ils ont répondu aux enquêteurs du recensement avec disponibilité et précision.
VizAgreste a d’abord été conçu pour eux, pour leur présenter en avant-première les enseignements du RA 2020, de façon simple, efficace et ludique. Les techniques du « scrolly-telling » entremêlent datavisualisations et explications : les parties significatives d’un graphique ou d’une carte sont successivement « éclairées » ou zoomées au gré du défilement que l’utilisateur pilote à sa guise : plus ou moins vite, au doigt ou à la molette de souris, sans le moindre clic.
Chaque viz tisse une histoire autour d'un thème
Viz’Agreste s’ouvre avec 3 « viz » présentant les tout premiers résultats du recensement de 2020 : nombre d’exploitations, surfaces utilisées, emplois agricoles. D’autres suivront début 2022 au fil de l’analyse des nombreux items de cette opération décennale : circuits courts, agriculture biologique et signes de qualité environnementale, spécificités des Doms…
Tous les graphiques peuvent être partagés (en iframe, puis prochainement vers les réseaux), et les données détaillées sont téléchargeables dans Viz’Agreste. Encore provisoires, elles sortent tout juste des fours des statisticiens. Les données définitives seront arrêtées en début d’année prochaine.
Cartes et chiffres clés pour chaque département
En parallèle des viz de synthèse, à portée nationale, une entrée territoriale invite le lecteur à choisir le département qui l’intéresse, et lui donne accès à des données systématiques plus détaillées.
Une carte figurant la spécialisation agricole des communes ouvre ce parcours, montrant les principaux contrastes spatiaux et les changements intervenus, à découpage communal identique, entre 2010 et 2020.
Neuf graphiques exposent en suivant les indicateurs clés sur le nombre d’exploitations, la surface agricole utilisée et l’emploi.
Ils valorisent des séries longues allant de 1970 à 2020, couvrant donc cinquante années et six recensements agricoles.
Spécifié avec les utilisateurs visés,
écrit et développé en trois mois
Soutenu par le plan France Relance, le projet Viz’Agreste a démarré à l’été 2021 par la consultation d’un panel de volontaires représentatifs des futurs lecteurs attendus : personnes travaillant dans l’agriculture, acteurs du développement rural au sein de collectivités locales, représentants de la profession (chambres, syndicats…)
Deux réunions d’échanges ont confirmé la modernisation des pratiques d’accès à l’information : on tend de plus en plus à utiliser son smartphone, devenu un outil de travail quotidien en agriculture. Chacun exprime sa préférence pour des visuels simples, commentés, faciles à consulter (par défilement) et à relayer au travers des réseaux sociaux.
Le développement de VizAgreste (réalisé avec brio par la société bourguignonne AtolCD) a donc suivi le principe « mobile first » : l’écran de téléphone en est le cadre de consultation privilégié.
L’interface est toutefois parfaitement adaptative, tous les appareils mobiles ou ordinateurs de bureau permettent de profiter de ses contenus (selon les règles du « responsive design »).
Plus ouvert et plus interactif qu’une vidéo, le récit imagé en « scrolly-telling » laisse l’utilisateur respirer et maîtriser son parcours, à son rythme, dans les différentes histoires.
« Scrolly-telling » résulte de la contraction de « scroll » (faire défiler) et « story-telling » (raconter une histoire). Au défilement, les graphiques et les cartes se succèdent et s’immobilisent temporairement, ils changent alors d’aspect (zooms, emphase sur certains éléments visuels) le temps du passage de courts panneaux explicatifs.
Viz’Agreste valorise tous les standards du web : accessibilité, contenus récupérables, données et images téléchargeables (fonction à venir très bientôt), graphiques réutilisables en iframe.
Un bouquet de technologies au service de la fluidité
et de la qualité visuelle
Graphiques et cartes sont calculés dynamiquement à partir de données stockées dans des fichiers dédiés, et composés dans un format vectoriel : c’est ce qui permet de les adapter harmonieusement à tout type d’écran et de les présenter dans la meilleure résolution.
Ergonomie rime avec fluidité : les technologies retenues par AtolCD (librairies légères et modernes, Svelte et D3) et le format des données (fichiers csv ou json) assurent une réactivité maximale et une excellente tenue du site à la « charge » : Viz’Agreste s’affiche en un temps record et supporte de nombreuses consultations simultanées sans ciller !
Consultant en sémiologie et dataviz :
un métier gratifiant !
La statistique agricole mériterait d’être mieux valorisée encore. Elle nous parle de choses simples, proches, essentielles. Elle éclaire les mutations d’un métier exigeant, les conditions de travail des femmes et des hommes qui l’accomplissent, au bénéfice de tous, dans un respect grandissant de l’environnement et du monde animal.
J’ai aimé rencontrer des personnes du monde agricole au sens large, professionnels de terrain, consommateurs de données, statisticiens, et leur donner la parole en tant que consultant-animateur.
J’ai beaucoup apprécié la qualité et l’engagement de jeunes développeurs et graphistes, au service de principes sémiologiques et ergonomiques que j’ai soutenus ardemment avec, je l’espère, pédagogie et respect du métier de chacun !
La datavisualisation n’est pas qu’affaire de technique, de modes ou de réseaux d’initiés. Elle s’affine et s’apprend dans le creuset exigeant de l’étude, par la conduite de nombreux calculs (merci R) et essais graphiques (merci Datawrapper et Observable/D3), avec de multiples tests et d’attentives relectures.
L’auteur va ainsi de découvertes (voire de surprises) en recherches d’explications. La rédaction initiale connaitra maintes réécritures, jusqu’à ce que l’attention du lecteur soit captivée, du début à la fin. La datavisualisation, tout comme l’écriture, est une affaire de style. Elle reste subordonnée à la compréhension de l’utilisateur, et demande beaucoup d’humilité.
Triturer les données détaillées des recensements agricoles, avec le concours des statisticiens du MAA, m’a ramené à mes jeunes années de chargé d’études à l’Insee Limousin. Ce n’est pas le moindre bénéfice d’une aventure qui devrait se poursuivre avec de nouvelles viz début 2022.
Je remercie toutes celles et ceux qui m’ont obligeamment conseillé et instruit, notamment au SSP (Service de la Statistique et de la Prospective du ministère). Ce fut un plaisir en particulier de travailler en toute rigueur et efficacité avec le responsable du projet Viz’Agreste, Éric Ambiaud, 30 ans après l’avoir fugitivement croisé dans les couloirs parisiens de l’Insee ! Je salue également Hervé le Grand, à l’origine de cette idée, plus originale qu’il n’y parait : inscrire la datavisualisation comme ligne directrice en amont de tout projet d’étude et de diffusion.